#1 Carnet de bal

 

 

Carnet de bal d'une courtisane

 

  Inspiré des textes de  Grisélidis Réal  (1976 à 2005),

  durée 1h, public averti.

 

Performance collective

Carne Cruda, Queen Blandine, Sasana, Macda, Cosette 

 

 

2015 : 40 ans après la “révolution des prostituées”, la compagnie la fêlure s'empare des textes d'une des figures charismatiques des mobilisations de 1975. Grisélidis Réal conçoit la prostitution comme un acte révolutionnaire et non une déchéance sociale. À travers sa voix, la fêlure ouvre le débat. Alors que la parole des travailleuses et travailleurs du sexe reste le plus souvent étouffée, comment cet engagement continue-t-il de résonner pour nous aujourd'hui ?

Les textes : Entre 1977 et 1995, Grisélidis Réal a consigné, dans une sorte de pense-bête professionnel, les prénoms, les prix, les manies, les préférences et particularités de chacun de ses clients. Le recueil Carnet de bal d'une courtisane réunit ce « Carnet Noir » et une série de textes, témoignages historiques et militants empreints d'une poésie vertigineuse et sauvage.

 

 

 

 

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Écoutez

 

- Chroniques mutantes (Radio Panik - Bruxelles) Juillet 2015

- Une prostitution = un spectacle (Terrain vague sur Arteradio) Avril 2016

 

 

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La fêlure est présente dans le numéro 10 de la Revue Z (Septembre 2016) consacré aux questions de genre à Marseille.

Elles tapent le bœuf, Reportage, Les gentilles filles vont au paradis, les autres montent sur scène.

 

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Véronique Micha, “Tu partiras un peu inquiet”, août 2014.

 

“Comme à l'origine du monde occidental, aux temps de la Grèce Antique, Griselidis Real revendique la sexualité comme un acte sacré, « un Art, un Humanisme et une Science ». Lucide et pas victime, elle reconnait également le côté sordide de son travail, surtout depuis que le mot travail existe.

 

Mais moderne et provocatrice, elle proclame aussi la prostitution comme un acte révolutionnaire.
Alors ne te méfie pas tant. Un spectacle est aussi une aventure, un mystère. Le désir n'est plus un pêché. La prostitution n'est plus contraire aux bonnes mœurs, notamment en Allemagne où les travailleuses du sexe paient des impôts et cotisent à la sécu. Cependant, quelque soit l'époque et le biais, religieux, politique, philosophique, ou même social ou même individuel, quand morale et vertu prennent le pouvoir, on va aux putes et aux églises. Et le puritanisme c'est quand ça devient intolérant qu'il y ait ailleurs, autrement, quelqu'un d'autre, qui soit bienveillant, joyeux, libre et du plaisir plein ses désirs.

 

C'est pas ce que t'étais ? un peu contente après la petite heure qui te l'avait montré possible ? Tu as aimé le spectacle, comme les autres as-tu voulu vérifier. Re-découvrir Griselidis qui était aussi une écrivaine, une peintre et une activiste politique. Ce que tu ne savais pas. Et l'écouter parler par la voix du théâtre de la morale, de la vertu, de l'injustice, du cœur, de la victime et du bourreau, de l’œdipe ! Elle en jouait, elle s'en libérait car la liberté ça s'arrache à soi-même, ça se conquiert à coups de vécu, c'est jamais donné.

 

Liberté c'était le mot qui te viendra.

 

Liberté des corps, liberté des femmes, liberté des esprits dans ce spectacle précisément mis en scène, chanté, dansé, tourné sur lui-même et vers nous par trois comédiennes : Euphrosine la gaieté qui danse, qui échappe à la torpeur, à la noirceur de la réalité crue d'être prostituée, vive, aérienne pour ne pas se vautrer. Aglaé la brillante, l'intelligence qui éclaire la condition, la portée politique de la prostitution, longtemps sans doute encagée mais toujours prête à bondir et à se battre. Et enfin Thalie la fleur, la beauté ronde d'une note claire, d'un pétale ouvert, d'une goutte d'eau qui fait le débordement, qui fait la vie, la création.

 

 Tu sortiras un peu sonnée, touchée, déplacée de pas beaucoup mais sur ton axe.”

 

 

  photos Anaïs Pommier  

 
  

Pascal Salles , NO music, Février 2014, Apt.

 

 Lorsque le pinceau éclabousse la scène, c’est pour montrer, in vivo, le tableau de Gustave Courbet interprété par une des deux actrices qui, à partir de ce moment-là, vont mener ce public, si exigeant, par le bout du nez pendant une bonne heure que dure leur création. Le texte, brut, presque clinique lorsqu’il décrit les gouts et coutumes des michetons, plus profond, subversif et contemporain lorsqu’il nous livre les commentaires et pensées de l’auteur est porté de bout en bout par la toute jeune Compagnie La Fêlure qui signe là un acte de naissance marqué du sceau du talent brut. A l’heure qu’il est, cette performance est un « work in progress », je ne sais pas quand, je ne sais pas ou elle sera présentée une fois prochaine mais une chose est sûre ; Il faut la voir !

 

 

 

 

 

                                                                                    Grisélidis Réal, extrait de Prostitution (1976)

 

 

Grisélidis Réal a fait de la reconnaissance de la prostitution un combat. Il existe un centre Grisélidis Real - Documentation internationale sur la prostitution à Genève où l'on trouve entre autres ses archives militantes.                                                                                                          

Dans les termes de Michel Foucault, l'hégémonie du paradigme abolitionniste dans les politiques publiques peut être considérée comme visant avant tout un contrôle plus grand des populations par l'État. On constate que les personnes prostituées, surtout lorsqu'elles sont étrangères, passent rapidement du statut d'individus en danger, à celui d'individu dangereux.

 Le discours abolitionniste a également pour conséquence de réduire les personnes prostituées à des victimes traumatisées, n'ayant aucune prise sur leur  destin, entièrement dominées. Incapables de s'exprimer en leur nom propre, elles ne sauraient être partie prenante des décisions qui les concernent. Les abolitionnistes savent ce qui est bon pour elles.

                        

- Mona Chollet, Beauté Fatale, les nouveaux visages d'une aliénation féminine, 2012.
- Christine Delphy, L’Ennemi principal, 1 : Economie politique du patriarcat, Syllepse, 1998.
- Christine Delphy, L’Ennemi principal, 2 : Penser le genre, Syllepse, 2001.
- Elsa Dorlin, La matrice de la race, Généalogie sexuelle et coloniale de la Nation française,  La Découverte, 2009.
- Virginie Despentes, Mutantes, film documentaire, 2009.
- Françoise Gil,  a publié un article qui cite Grisélidis Real.
- Milena Jacksic , sociologue, spécialiste de la traite des êtres humains.
- Patrick Pharo, Ethica erotica. Mariage et prostitution, Presses de Sciences Po, 2013.
- Thierry Schaffauser, Maîtresse Nikita, Fières d'être putes, Édition de l'Altiplano, 2007. 

- Les spécialistes des recherches sur le genre et sur la santé contre la pénalisation des clients

 

Lilian Mathieu, sociologue au CNRS, spécialiste des mobilisations sociales en général et des mouvements de prostituées en particulier. A publié La condition prostituée, Paris, Textuel, 2007.

« Prostituées et féministes en 1975 et 2002 : l’impossible reconduction d’une alliance », Travail Genre et Sociétés, n° 10, 2003, p. 31-48.
Confrontées en 1975 et 2002 à la répression policière, les prostituées ont en ces deux occasions tenté de se mobiliser. Si, lors de leur premier mouvement de protestation, elles ont pu disposer du soutien actif de militant-e-s abolitionnistes et féministes malgré de profondes div ergences de vision de la prostitution, une telle alliance n’a pu être reconduite 27 ans plus tard.

Les raisons de cette désolidarisation des anciens soutiens de la cause des prostituées doivent être recherchées dans les transformations qu’ont connues entre 1975 et 2002 tant l’espace de la prostitution que le secteur de l’assistance médico-sociale aux prostituées ainsi que la réflexion et le militantisme féministes.